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La laïcité en 3 questions

Dernière mise à jour : 13 juin 2022

L'actualité des récents attentats terroristes, de la republication des carricatures de Charlie-Hebdo, remet sur le devant de la scène la question de la laïcité. 3 questions pour éviter les contre-sens.



La laïcité est-elle anti religieuse ?


La laïcité est un terme qui désigne le fait de protéger des libertés fondamentales.

La première est la liberté de conscience, ou d'opinion : chaque citoyen est libre, a le droit, d'avoir ses propres opinions religieuses, de croire ou de ne pas croire, et de changer de religion s'il le souhaite.

La seconde est la liberté d'expression : chaque citoyen est libre d'exprimer ses opinions, ainsi que ses opinions religieuses ou athées.

Ces libertés fondamentales sont énoncées dans la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen de 1789, aux articles 10 et 11. Ces deux articles précisent que l'exercice de ces libertés a des limites. En effet, comme je l'explique dans cet article sur le port obligatoire du masque, la liberté politique est toujours collective : tous les citoyens jouissent des libertés. Pour que cela soit possible, les libertés doivent être limitées. Car sinon, un citoyen jouissant de sa liberté sans limite empêcherait un autre citoyen de jouir de sa liberté (#liberté).

Ces droits fondamentaux sont réaffirmés dans la Constitution de 1946, rédigée au sortir de la Seconde Guerre mondiale, et dans la Constitution de 1958, celle de la Ve République, dans laquelle nous sommes encore. La nouveauté de ces deux textes, par rapport à la Déclaration de 1789, est qu'ils précisent que la France est une république laïque, et que l'enseignement est laïque.


La laïcité relègue-t-elle les religions à la sphère privée ?


On pense souvent que la loi de 1905, dite "de séparation de l'Eglise et de l'Etat", a pour objectif de reléguer la religion à la sphère privée, intime. Or, c'est tout l'inverse.

Jusqu'en 1905, l'Etat avait la charge d'organiser les Cultes, de les financer, de les surveiller. Les Cultes étaient alors limités aux cultes catholique, israélite, luthérien et réformé. L'objectif de la loi de 1905 est certes de privatiser le service public des cultes, dans le sens qu'elle donne aux organisations religieuses la pleine liberté d'organiser leurs cultes. Cela signifie que tous les cultes sont traités à égalité, libres de leur organisation. Mais cette organisation se fait dans l'espace public : la République "garantit le libre exercice public des cultes". Nul ne peut être empêché d'exercer publiquement son culte.

C'est pour cela qu'on peut parler de religion, distribuer des tracts, organiser des processions dans la rue, sur les plages, sur les marchés. C'est pour cela qu'une musulmane peut porter le voile à l'université. C'est pour cela que les cloches des églises peuvent sonner. C'est pour cela qu'on peut afficher une pancarte sur le devant des salles de cultes indiquant qu'il se trouve là une église. C'est pour cela qu'on peut construire des églises, des synagogues, des mosquées. Ainsi, par exemple, s'horrifier de la construction d'une mosquée au nom de la laïcité, est une contradiction insupportable, car la laïcité est justement ce qui autorise cette construction !


La laïcité interdit-elle qu'on parle de religion à l'école ?


La religion est au programme de nombreuses matières : en histoire géographie, où les élèves de collège étudie l'histoire des religions juives, chrétiennes et musulmanes ; en philosophie, où "la religion" est une notion au programme.

Par contre, il est vrai l'Etat français est laïque : dans tous les lieux relevant de la puissance publique, la neutralité religieuse est donc de mise. Cela signifie que l'Etat français n'a pas de religion officielle, qu'il ne soutient aucune religion plus qu'une autre, qu'il ne discrimine aucune religion. Les agents de l'Etat dans l'exercice de leurs fonctions ne peuvent déclarer s'ils sont croyants ou athées.

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