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Pour qui a été créé le monde ?

Le roman philosophique Ishmaël (Ismaël) de Daniel Quinn, publié en 1992, émet une hypothèse intéressante : le récit que notre civilisation fait de la création, ou apparition, de l'univers, de la terre et de l'humanité, est un mythe. Et comme tout mythe, il repose sur un présupposé : le monde a été créé pour l'homme.



Qu'est-ce qu'un mythe ?


Des mythes, nous en connaissons : les mythes grecs, par exemple celui d'Œdipe, de sa fille Antigone, ou le mythe de Prométhée et Epiméthée, les frères Titans. Nous connaissons aussi les mythes nordiques, faisant référence à Odin, père des dieux, ou encore à Thor et à son marteau. Le récit de la création du monde dans la Genèse est aussi classé parmi les mythes.

Par définition, un mythe est un récit, une histoire. En effet, le mot vient du grec muthos, qui veut dire récit. Cette histoire met en scène des dieux, des humains, des animaux. Son but ? Proposer une explication de la création de l'univers, du monde, des dieux, des humains. Cette explication permet de justifier l'organisation de la société et les valeurs qui la fondent.

Quand on parle de mythe, on pense spontanément à l'adjectif "imaginaire", "fictif" : pour nous, les mythes ne racontent pas la réalité. Mais on peut leur trouver un intérêt, car souvent les personnages qu'ils mettent en scène sont des allégories : ils sont une représentation concrète d'idées abstraites, ils incarnent certains aspects de la condition humaine (la ruse, la force, la sagesse...).

Et justement, le parti pris intéressant du roman de Daniel Quinn, Ishmaël, est de considérer que le récit que nous faisons actuellement, dans notre civilisation, de la création du monde, des animaux, des humains, est un mythe.


Notre mythe actuel et son présupposé :


Voici le récit, le mythe, fondateur de notre civilisation actuelle : il s'agit du Big-Bang, apparition de l'univers il y a 13,8 milliards d'années. Pour nous, ce n'est pas un mythe: c'est l'histoire scientifique. Mais pour aucun peuple qui raconte son histoire de la création, celle-ci n'est considérée comme un mythe. Ensuite viennent les galaxies, le système solaire, la terre, la vie aquatique, terrestre, et enfin l'homme. L'histoire s'achève avec l'homme.

Le présupposé d'une telle conception de la création (ou de l'apparition) de l'univers, est que


"l'être humain est le résultat ultime de la création. L'humain est la créature pour laquelle tout, ou presque, a été façonné : ce monde, ce système solaire, cette galaxie, l'univers lui-même." (Ishmael, Daniel Quinn, Editions Libre, p. 63)

L'apparition de l'être humain est considérée comme un événement central dans l'histoire du cosmos.

L'objectif du roman de Quinn est de remettre en cause cette version de l'histoire. Car ce mythe a des conséquences négatives : l'idée que le monde a été créé pour l'humain implique qu'il nous appartient et que nous pouvons en faire ce qu'il nous plaît (p. 68) : le dominer, l'exploiter, exterminer certaines espèces vivantes, le remodeler, le détruire...


Pour qui a été créé le monde ?


Il y a une question philosophique très intéressante, qui consiste à s'interroger sur la pertinence de cette question : pourquoi faudrait-il que le monde ait été créé pour quelqu'un ou dans un certain but ? Car même si le récit du Big Bang se donne des allures de neutralité scientifique (la nécessité aveugle des lois de la nature), ça n'ébranle pas pour la majorité des gens l'idée que l'homme est chez lui ici, que le monde lui appartient. Cette idée a été combattue par bien des philosophes et des scientifiques, et cela mériterait un article à part.


Ce qui m'intéresse pour aujourd'hui, c'est de savoir si la Bible véhicule cette idée. En apparence, il peut sembler que oui : après tout, l'être humain n'est-il pas l'apogée de la création, créé à l'image de Dieu le dernier jour de la création ? Ensuite, Dieu a cessé toute activité et s'est reposé.

Mais quand on creuse un peu, les choses sont plus complexes. L'espérance chrétienne est tout entière tournée vers le retour de Jésus-Christ, qui doit d'abord instaurer un règne millénaire sur cette terre. Il semblerait que ce soit Jésus-Christ qui soit le but de toute la création. Le début de la Lettre aux Ephésiens le laisse entendre, quand Paul dit :


"le bienveillant dessin que Dieu avait formé en lui-même... de réunir toutes choses en Christ, celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre." Ephésiens 1 : 10

Mais Jésus-Christ est tout entier tourné vers Dieu. Ainsi, on peut lire dans la Lettre aux Corinthiens :


"Ensuite viendra la fin, quand Jésus-Christ remettra le royaume à celui qui est Dieu et Père, après avoir réduit à l'impuissance toute domination, toute autorité et toute puissance (...) Et lorsque toutes choses lui auront été soumises, alors le Fils lui-même sera soumis à celui qui lui a soumis toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous." 1 Corinthiens 15 : 24-28

Ainsi, c'est Dieu qui est le centre, le commencement et la fin, le sens et le but ultime de toute la création.

On peut donc se demander ce que cela implique pour nous, dans notre vie personnelle mais aussi dans notre comportement vis-à-vis de la nature, des espèces animales, de vivre dans un monde créé par Dieu et pour Dieu.

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